Il faut se souvenir qu’autrefois, pour laver le linge, nos ancêtres ne possédaient que très peu de commodités ; par tous les temps, elles devaient accomplir leurs pénibles corvées.
À l'origine, le lavoir était une pierre plate ou une simple planche posée au bord d'un cours d'eau, d'une mare ou d'une source, sans abri. La pollution due à la révolution industrielle , les épidémies puis l'hygiénisme entraînent le développement de constructions spécifiques à la fin du XVIIIème siècle qui voit les communes se munir de bassins situés au bas d'une prairie, en contrebas d'une source ou d'une fontaine, en bordure d'un ruisseau, d'un canal, d'une rivière ou d'un fleuve où peut être amarré un bateau-lavoir. A partir de 1790, des lavoirs seront construits dans les villages ou dans certains quartiers des villes.
En France, les épidémies de choléra, de variole et de typhoïde ont incité le Parlement à voter la loi du 3 février 1851 qui accorde un crédit spécial pour subventionner à hauteur de 30 % la construction des lavoirs couverts afin de favoriser leur développement. Les travaux étant mis en adjudication sur rabais à la chandelle (équivalent marché public) expliquent chez les entrepreneurs une certaine similitude de conception et de matériaux. Suivant les finances communales, ces lavoirs seront ouverts aux quatre vents, fermés, d’architecture plus ou moins élaborée.
Après leur mise en service, les lavoirs deviendront un pôle important dans la vie sociale des communes. En milieu rural, ils connaîtront, pendant de très nombreuses années, une occupation plus qu’importante. Les lavandières s’entraidaient mutuellement. Une coordination existait entre elles ; chacune se devait de respecter l’autre. Pas question de bousculer les habitudes, les places, les heures et les jours…
A partir de 1946, l’arrivée dans les foyers de l’eau courante apporta dans son sillage un début de modernisation qui, petit à petit, semblait vouloir venir ébranler le rythme de travail des lavandières. Cette nouvelle commodité allait provoquer un certain ralentissement de la fréquentation des lavoirs.
Dans les années 1960, la commercialisation de la machine à laver le linge déstabilisera les habitudes ménagères.
Vers 1970, des petites laveries privées, des blanchisseries industrielles, des pressings apparaîtront et se développeront à grande vitesse, provoquant en peu de temps l’abandon total des lavoirs.
Inutilisés, abandonnés, fermés ou très mal entretenus, ces édifices seront l’objet de pillages ou de dégradations et même, selon la décision de certains conseils municipaux, vendus ou démolis.
Les lavoirs fontaines, ayant perdu leur fonction originelle, resteront en sommeil pendant un certain temps.
Plus tard, après décisions et arrêtés municipaux encouragés par des subventions départementales, les lavoirs entreront dans une phase de rénovation au titre de la conservation du patrimoine.
En 1790, pour les besoins de la population, le Conseil Communal de Triaucourt discutera de la nécessité de capter des sources afin de procéder à la construction de deux bacs réceptacles, de les aménager en lavoirs aux deux extrémités du village, de préférence à l’opposé l’un de l’autre.
Les deux sources retenues pour les constructions futures étaient « La Mutasse » et « La Mariée ».
Ce ne fut pas une décision facile, mais après de nombreuses réunions et beaucoup de paroles, le choix sera tranché et le projet aboutira à une conclusion favorable, bénéfique à tous.
L A M U T A S S E
1790.
Desservi par une petite ruelle à l’arrière de quelques maisons, le premier bac-lavoir sera implanté à l’une des sorties du village, direction Nord-Ouest, en retrait de la route d’Aubercy ; il portera ainsi le nom de la source qui allait l’alimenter : « la Mutasse ».
Ce premier bac réceptacle présentera, avant sa mise en service, un sérieux ennui : creusé trop profond, il subissait le reflux des eaux de la rivière et, de ce fait, se trouvait souvent complètement submergé ; il fallut donc commencer par réparer cette erreur.
Après étude, un nouveau bassin sera construit et sera mis en eau sans incident. Il permettra de disposer 4 à 5 planches larges de 70 cm pour servir de planches à laver aux lavandières. Cependant, à l’usage, le lavoir se révèlera très inconfortable les jours de pluie, ce qui provoquera des réclamations de la part des lavandières, suggestions qui seront prises en considération par les représentants communaux. Il sera donc décidé de construire autour du bassin une ossature de bois, fermée à mi-hauteur par de la pierre et des planches, qui recevra une toiture dite « à quatre pans » à tuiles plates, lui donnant ainsi l’aspect d’une chaumière.
Ainsi aménagé, les lavandières trouveront en ce lavoir un certain confort agrémenté d’un grand courant d’air circulant au-dessus de leur tête, bien agréable l’été, mal apprécié en hiver. Pourquoi ne pas avoir fermé le pourtour sur toute sa surface ? Peut-être faute de deniers publics ou peut-être pour lui offrir une particularité évasive… Rien ne laisse en connaître la raison…
- 1935 -
De gauche à droite :
Mmes Marthe COLIN, Claire MARGOT, Rose DENIZET, Anaïs RIGAULT, Françoise QUINGLER
Après sa construction et son aménagement, le lavoir de la Mutasse donnera satisfaction aux lavandières ainsi qu’aux villageois en leur procurant l’eau de sa source.
Entre-temps, il lui fallut supporter les divers services d’entretien obligatoires à son bon fonctionnement ; c’est pourquoi on peut trouver, sur certaines décennies, des travaux de réfection de plus ou moins grande importance.
Après une intense fréquentation, la modernisation ayant apporté la désertification avec le départ des lavandières, le lavoir de la Mutasse entra alors dans une phase d’abandon.
- 1985 - |
- 1995 - |
En 1992, le lavoir de la Mutasse, malgré son état de délabrement, a été classé Monument Historique.
En 2001, le Maire René GIGOUT et son Conseil Municipal entameront une réflexion pour la restauration de ce patrimoine. De nombreuses démarches seront engagées auprès des organismes compétents. En 2002, après accord des subventions, Jean CAZIN et son Conseil Municipal lanceront les travaux de réfection de la toiture.
Le lavoir retrouvera ainsi son âme et sa prestance d’antan.
- Septembre 2002 -
Réfection de la toiture
L'Est Républicain - 15 septembre 2002
Avant (juin 2002) / Après (septembre 2002)
Le lavoir est ponctuellement mis à l'honneur, comme lors des Journées du Patrimoine en 2002, l'occasion pour les enseignants de l'école d'aller expliquer aux enfants comment leurs aînées faisaient la lessive...
Le 11 septembre 2016, il a reçu des centaines de visiteurs au cours de l’animation « Au fil de l’eau » : exposition, lavandières et orgue de barbarie.
L A M A R I E E
1790.
Le deuxième bac-lavoir sera implanté en sortie du village, au bord de la route menant au village d’Evres. Il portera également le nom de sa source d’alimentation : « la Mariée ».
Afin de pouvoir approvisionner en eau ce lavoir, la commune de Triaucourt devra faire l’acquisition du terrain où se trouvait la source. Pour cela, il sera procédé à un échange de parcelles entre trente verges d’une chènevière communale et le terrain sourcier privé de 44 verges planté en saules. Ce terrain venait du Comte de Vaubécourt et, depuis 1790, appartenait aux héritiers de Sieur Augustin Louis PICART.
Contrairement à son homologue, le lavoir de la Mariée ne posera pas de problème à sa mise en service qui, soi-disant, fut parfaite.
On ne retrouve pas le prix de chaque lavoir, mais un devis a été établi ; il donne un prix global de la construction de deux bacs réceptacles pour une somme d’environ 7 900 francs à payer au Sieur Nicolas HUGUET avec un ensemble de différents travaux et ses compléments pour la Commune de Triaucourt.
Au fil des saisons, l’automne et l’hiver apportaient leur lot de mauvais temps. Et le lavoir de la Mariée se révéla aussi très inconfortable car non couvert.
Suite aux plaintes des utilisatrices et après étude, des murs et une toiture seront construits vers 1840. Cette construction reprend la forme classique de beaucoup de lavoirs de cette époque.
Sa conception intérieure permettait soit de laver le linge sur son large rebord, soit de disposer de larges planches en travers.
On peut remarquer sa particularité extérieure, côté route : un bac abreuvoir, très fonctionnel, procurait l’eau aux villageois de son secteur ainsi qu’aux animaux.
- 1915 -
Ainsi aménagé, le lavoir de la Mariée remplira ses fonctions pendant de longues années.
Comme son collègue, il subira des nettoyages et réfections, selon les besoins.
Puis, lui aussi commencera à souffrir de la désertification des lavandières ; la modernisation, l’évolution du confort plongeront ledit lavoir dans un long sommeil.
Il sera, durant cette période, la proie de colleurs d’affiches…
…jusqu’aux environs de 1994 où décision sera prise de lui redonner son cachet d’antan.
Sainte Agathe, patronne des lavandières, se fête le 5 février…
Quelques dictons :
Si Sainte-Agathe remplit les rivières,
Le lait coulera dans les chaumières.
A la Sainte-Agathe,
Le froid s’en va en toute hâte.
La glace de Sainte-Agathe
Remet l’hiver à sa place
Si Sainte-Agathe pleure,
Le temps d’hiver se meurt
Si Sainte-Agathe est de glace,
L’année sera faite de fantasme.
Aux pluies de Sainte-Agathe,
L’hiver n’est plus à sa place
Texte : Mme Renée PRUD’HOMME, que je remercie à nouveau infiniment
pour le partage de ses archives et connaissances
Photos : Renée PRUD’HOMME et Marie-Claude MICHEL
Mise en page : Florence BOUTILLIER
Relecture : Marie-Claude MICHEL
(Février 2018)
L'église Saint Nicolas de Triaucourt et son histoire...
L’histoire de l’église, le texte et les photos qui suivent sont le fruit des longues années de lectures et de recherches de Madame Renée PRUD'HOMME. |
Construite vers la fin du XVème siècle (environ 1480), l’église de Triaucourt, probablement dotée par rapport à l’importance de la commune, est une œuvre aux lignes régulières et bien particulières.
Dans les lectures antérieures, il est difficile de retrouver des documents ou certains indices qui permettraient de connaître le créateur ou de communiquer les plans de cet édifice de 40 mètres de long sur 17,20 mètres de large, construit en forme de croix latine. L’abside dessine un hémicycle à cinq pans éclairé par cinq hautes fenêtres. En son pourtour, 14 fenêtres sont disposées et ornées de splendides vitraux.
A l’époque de sa construction, il semblerait que la tour carrée, formant à ce jour la base du clocher d’une hauteur de 22 mètres et d’un aspect assez imposant, se termine par une plateforme entourée d’une balustrade en pierre… Aucun renseignement n’est resté pour nous apprendre une petite vérité.
Par contre, une tourelle servant de cage d’escalier à l’ascension du clocher fait corps avec l’édifice.
Le pourtour de l’église est construit en pierre et appuyé par de solides contreforts rehaussés de gargouilles, que l’on peut encore voir mais qui ont perdu leur utilité. |
Les meurtrières rappellent que l’église devait avoir servi de refuge aux habitants du village en période de guerre.
Le grand portail de l’entrée principale, de style gothique, est surmonté d’une large rosace.
Le petit portail, côté soleil, permet d’entrer dans l’église par le centre ; il est de forme ogivale, agrémenté de deux têtes saillantes, méritant que l’on y fixe son attention.
A l’intérieur, la grande nef s’étend entre deux hautes rangées de six piliers ronds. Au milieu de l’abside se trouve l’autel.
A l’extrémité des deux nefs latérales sont placés deux autels dédiés, l’un à la Vierge Marie, le second à Saint-Joseph sous l’invocation de Saint Clément.
Jean de Nettancourt, Baron de Vaubécourt ayant obtenu une grâce pour son fils Henri, au titre d’Abbé de Beaulieu, mais ceci, au détriment du jeune prince de la Maison de Lorraine, provoqua entre ces deux seigneurs une tension guerrière.
En 1590, n’ayant pas abandonné son œuvre de vengeance, le Duc de Lorraine, pendant l’absence du Baron de Nettancourt, fit partir un détachement vers Triaucourt afin de s’emparer du château-fort et de le rendre à l’état de ruines.
Le danger étant présent, les habitants se regroupèrent en l’église du village et se défendirent avec désespoir.
Contre cette résistance, le canon de l’ennemi ouvrit le feu et provoqua six brèches dans les murs de l’église qui souffrit de la lutte et de l’ardeur du pillage de l’envahisseur.
L’histoire raconte que les vainqueurs enlevèrent les cloches et les emportèrent comme trophée de leur conquête.
Venant de subir les premières attaques d’un ennemi peu désirable, démunie de ses cloches, l’église perdait son prestige de forteresse et le village de Triaucourt son ultime sécurité.
En 1636, quand des hordes étrangères, plus connues dans l’histoire sous le nom de « croates » s’avancèrent vers les confins de l’Argonne et du Barrois, le couvent de Beaulieu fut épargné, mais tous les villages voisins furent la proie de tous ces aventuriers.
Le village de Triaucourt connut la colère de ces pillards ; il semblerait même que ce bourg fut particulièrement désigné à la rage de ces hommes.
Le jour du 14 juillet, l’ennemi s’empara des rues du village et livra, presque dans son entier, les maisons aux flammes. Lors de cet important incendie, l’église ne fut pas épargnée ; le feu dévora la charpente intérieure, provoquant d’énormes dégâts.
Cette incursion de pillards faite au cœur du village laissa des traces amères.
Les lectures démontrent que plusieurs années seront nécessaires à la remise en fonctionnement de l’église de Triaucourt. Dans un premier temps, les hommes, avec courage, consolidèrent ladite charpente, restaurèrent l’intérieur de l’église, mais ces réparations occasionnèrent divers changements, que des travaux ultérieurs effaceront afin de redonner à l’église son âme, sa splendeur d’avant.
Sur ce siècle, sans aucune certitude, on peut supposer que l’église de Triaucourt était pourvue de deux cloches, peut-être trois, puisque l’on trouve leur présence après 1700.
Il est très difficile de fixer leur existence et leur provenance.
Bien plus tard, après de très longues et vaines délibérations, on trouve certaines urgences de travaux à la couverture de l’église et de la tour.
Le climat pluvieux de la région ayant provoqué des infiltrations d’eau, il fallait donc y remédier, d’où la décision, en octobre 1733, de procéder à une réfection complète de la toiture de ladite tour et une vérification d’entretien de la couverture de l’église afin d’en préserver le principal.
Mais le mauvais sort semblait s’acharner sur l’église de Triaucourt. En mars 1734, le coq fut brisé par un violent orage, ainsi que la toiture de la tour, qui venait d’être réparée.
Pendant un certain temps, rien ne sera mis en œuvre pour solutionner cette nouvelle avarie.
Plus tard, on opérera diverses réparations dont on ne connaît ni la forme, ni l’importance.
En plus, en août 1781, la couverture de ladite tour subira de graves dégâts causés encore par la foudre. Il en est de même du grand portail qui subira de gros dommages.
Tous ces états de délabrement resteront ainsi en attente pendant de nombreuses années, tout cela par manque d’accord aux demandes effectuées et pourtant souvent reformulées.
Ensuite, on fit appel en recours auprès du Conseil d’Etat. Au grand soulagement de tous, ordre fut accordé pour l’exécution des travaux ; l’idée fut même donnée de rehausser ladite tour.
C’est alors que le 7 mars 1791, à la vente des biens de l’abbaye de Lisle-en-Barrois, Monsieur Charles Nicolas GUILLAUME, adjudicataire de Naives-devant-Bar, rendit la commune de Triaucourt acquéreur présumé d’un clocher avec des bois, croix et coq pour la somme de 1 000 livres.
Monsieur Brice RAULIN, entrepreneur à Tronville, s’engagea à effectuer la démolition, le transport et la repose dudit clocher, moyennant la somme de 2 000 livres, ainsi que la réparation de la tour.
Un devis sera établi par Monsieur Jean-Baptiste MAGISSON, expert à Rarécourt, pour la pose d’une corniche sur laquelle le nouveau clocher devra s’adapter à la tour d’une manière exacte.
La démolition du clocher présentera quelques problèmes qui seront solutionnés grâce à l’expérience de Monsieur RAULIN. Le travail sera accompli avec une dextérité propre à lui-même et la réédification du clocher fut achevée au mois de novembre de la même année.
Pendant la période des travaux de la mise en place du clocher et de sa lanterne, la restauration intérieure connaîtra un mouvement de grande importance. On commencera par abattre le grand portail défaillant depuis l’orage de 1781, en supprimant la partie arrière de l’entrée, offrant un agrandissement qui permettra la mise en fonction de rangées supplémentaires pour les bancs et le recul des fonts baptismaux.
En arrière de la porte nouvelle, on bâtira, en menuiserie, un tambour bien fermé dont la porte supérieure servira, dans le futur, à l’emplacement d’un orgue.
Tous ces différents travaux, soumissionnés par Monsieur Nicolas HUGUET de Brizeaux, furent exécutés sur de très longs mois. Ils s’élevèrent à la somme de 7 850 francs, compris quelques aménagements effectués ici et là.
En complément, dans la période des années 1740-1750, l’avant-chœur sera encadré par deux rangées de stèles établies par les moines de l’abbaye de Beaulieu. Les boiseries situées sur le pourtour du chœur seraient de la même époque.
Comme dit précédemment, l’existence de deux cloches se situe vers 1731. A cette époque, les habitants de Triaucourt se plaignaient que la grosse cloche était cassée et que la petite sonnait faux. Suite à cette réclamation, Monsieur Joseph PERIN, fondeur à Boncourt en Lorraine, sera contacté et recevra, pour les avoir refaites, la somme de 264 livres.
Hors service en mai 1770, les deux cloches seront emportées vers la Maison BLANPAIN ET FINART à Sainte-Menehould. Elles seront de nouveau refondues et le métal sera renforcé. La plus grosse aura alors un poids de 2 013 livres et la plus petite de 1 452 livres.
Sans en trouver la provenance, il est probable qu’il existait une troisième cloche puisqu’elles furent toutes les trois endommagées par la foudre en 1781.
Ces demoiselles furent, cette fois, transportées vers Clermont-en-Argonne vers 1793. Le directoire du district prit la décision de les remplacer par une seule et unique cloche qui venait de Neuvilly. Cette dernière fonctionnera seule pendant une trentaine d’années.
Suite à une délibération du conseil, la Commune de Triaucourt fit, en 1822, l’acquisition d’une petite cloche qui viendra tenir compagnie à son aînée, isolée dans son abri céleste depuis une trentaine d’années.
Ce nouveau carillon de deux cloches fonctionnera chaque jour, donnant satisfaction aux habitants du village qui se plaignaient depuis un certain temps de ne plus distinguer la sonnerie des jours de peine ou de fête.
Vers 1870, la charpente du clocher, quoique solidement établie, commençait à donner de sérieux signes d’inquiétude en s’inclinant vers l’arrière.
Dans un premier temps, on pensa abattre la lanterne dont les supports penchaient d’une façon menaçante, mais cette idée n’aboutissait à aucune solution. On décida de renouveler la charpente dans sa forme antérieure. Prévision et solution rivalisèrent souvent, mais rien de définitif n’en découlera.
Après bien des études, en juin 1882, on traita à l’amiable avec un entrepreneur de Courcelles-sur-Aire et des charpentiers de Deuxnouds-devant-Beauzée. Ainsi, tous les travaux prévus purent être réalisés et terminés en fin d’année 1883.
Ainsi affiné et allégé, le clocher, d’une hauteur de 40 mètres (22 mètres pour la tour de pierre et 18 mètres pour la charpente), y compris la lanterne, reçut une croix de 3 mètres de haut surmontée d’un coq doré. C’est ce clocher qui est visible sur les premières cartes postales éditées à partir de 1900, jusque 1940.
Vers 1895, il sera évoqué l’idée de renouveler la chaire à prêcher qui donnait de grands signes de faiblesse et posait des problèmes de sécurité.
En 1899, on traitera avec Monsieur RABOT de Nancy qui réalisera une nouvelle œuvre d’art en fine dentelle de bois sculpté. Vers la fin de la même année, cette nouvelle chaire prendra place en l’église du côté gauche en entrant, au croisement de la nef principale et de la petite nef.
Entre 1830 et 1850, et à différentes reprises, des tableaux seront offerts à l’église paroissiale, dons personnalisés ou dons anonymes. Ils prendront place par répartition diversifiée, mais en des emplacements bien précis. Certains vont côtoyer les piliers de la nef principale, un autre à droite de l’autel Saint Joseph, deux au fond de l’église, un dernier près de des fonts baptismaux.
Vers 1890, naquit le projet d’ériger un beau chemin de croix en l’église. Une demande d’étude sera formulée auprès de la Maison NICOT sise à Vendeuvre Aube pour la fabrication de quatorze stations en terre cuite décorée à la main. Une autre demande sera également faite auprès de Monsieur RABOT de Nancy pour la réalisation des encadrements sculptés en bois de chêne, arbre noble du cœur de la forêt régionale.
Les études donnant pleine satisfaction, on lança une souscription publique.
Le chemin de croix
Cette souscription publique ouverte à la générosité de tous les habitants sera programmée sur plusieurs années, afin de réunir les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet.
En l’an 1900, le soir du dimanche 4 novembre, Monsieur l’Abbé WUILLARMET, curé-doyen de Vaubécourt, délégué par Monseigneur PAGES, évêque de Verdun, a inauguré en l’église de Triaucourt le magnifique chemin de croix. Beaucoup de prêtres étaient présents, suite à l’invitation lancée par Monsieur l’Abbé HUARD, curé-doyen de Triaucourt. Une foule considérable assistera à cette belle cérémonie ; les prières liturgiques seront récitées par Monsieur le Révérend Père DAMASE de Bar-le-Duc.
1900 - Une des premières cartes postales de l'église |
1903 - Obsèques de l'Abbé Huard |
1905
1906 - Vue côté abside |
1910 |
Le portail
1910 |
Le grand portail de l’église Saint-Nicolas se présente dans un style gothique, orné au-dessus d’une rosace ceinturée d’une fine frise à plusieurs têtes. |
L'intérieur de l'église
1908
La guerre commençait à faire rage. Le 5 septembre 1914, la batterie allemande installée entre les villages de Gumont et de Senard arrosait libéralement Triaucourt, ceci pendant de longs et interminables instants. Les tirs étaient intenses, les obus ennemis sifflaient ici et là, l’église semblait être le point de mire des Allemands, ainsi que les maisons voisines.
Un long silence ; la canonnade venait de s’arrêter. On ne pouvait que constater les dégâts : le gros sapin de côté était coupé net et se trouvait couché contre l’église ; les vitraux avaient plus ou moins souffert ; la toiture de la petite nef, abritant les fonts baptismaux, était trouée sur une surface de 42 mètres carrés, plus une grosse brèche dans la tourelle qui, de ce fait, avait brisé l’escalier de pierre.
De nouveau, l’église allait devoir panser ses blessures.
En l'église, un hôpital...
Les 6 et 7 septembre 1914, entre Pretz, Evres, Sommaisne et Vaubécourt, la bataille faisait rage ; en grand nombre les blessés sont dirigés sur Triaucourt. Ils sont tour à tour déposés dans toutes les maisons, mais l’affluence était d’une telle importance que les Allemands décidèrent de convertir l’église en hôpital. Sans précaution, sans respect, avec haches et marteaux, ils brisèrent une grande partie des bancs, les entassant sur l’ancien cimetière.
Dans les granges des habitants du village, la paille, le foin, les gerbes de blé, d’avoine, même non battues, furent réquisitionnés et, par charrettes à main, transportés vers l’église, puis disposés en grandes lignes droites, sur plusieurs rangées.
Toile, draps, rideaux, couvertures furent installés sur ces paillasses de fortune, afin de pouvoir donner un semblant de bien-être à tous ces malheureux soldats blessés au combat et qui arrivaient par ambulances des villages voisins.
Pendant la bataille...
Les 8, 9 et 10 septembre, la bataille était incessante et dans le rythme de va-et-vient infernal, les blessés arrivaient en grand nombre, ennemis, amis. Ils étaient déposés sur six longues rangées en l’église paroissiale, devenue par les circonstances de la guerre, asile de la douleur pour des centaines de malheureux soldats.
L’après-midi du 12 septembre, un grand mouvement se produisit ; un grand remue-ménage agitait le village, l’ennemi était en alerte, les armées défilaient vers l’Argonne. En toute hâte, les Allemands organisaient le départ, sans grand soin. Avec empressement, ils chargeaient les blessés dans des ambulances. Cette agitation allait durer toute la nuit et, le 13 au matin, l’église se trouvait vidée de l’occupation allemande, mais dans un bien mauvais état.
La poussée des troupes françaises et leur arrivée dans le village de Triaucourt fit comprendre le départ précipité de l’ennemi. Cantonnement des armées, stationnement des autobus de ravitaillement sur la place de l’église allaient donner un autre sens de vie au village.
Ainsi, un peu réconfortés par la présence amie, les villageois, avec courage, aidés de leur curé, entamèrent le nettoyage de l’église. L’église retrouvait une propreté partielle qui allait permettre de célébrer les offices.
1914 |
1914 / 1915 |
Après septembre 1914
Après de nombreuses concertations se posera le problème de la restauration de l’église.
En réunion du conseil municipal de novembre 1914, il fut discuté de pourvoir aux réparations les plus urgentes. A l’unanimité, il fut décidé de faire réaliser les travaux suivants :
La présence de l’armée française en cantonnement au village apportera aux habitants une aide très précieuse. Par ordre de leurs supérieurs, les soldats entamèrent le déblaiement des gravats sur tout le pourtour de l’église.
Un autel commémoratif
Le 11 novembre 1918, la guerre venait de se terminer. Toutes ces années de peur, de terreur avaient laissé beaucoup de traces difficiles à effacer. Au sein du village de Triaucourt, les habitants se concertèrent autour de leur curé ; il fut suggéré l’intention d’élever, en l’église, un autel commémoratif à la mémoire des civils décédés les 4 et 7 septembre 1914 et 2 octobre 1917, ainsi que les 28 enfants du pays tombés au Champ d’Honneur.
Une souscription publique fut ouverte à tous ; elle se confirmera courant 1919.
Après de longues concertations, il sera décidé d’édifier cet autel à l’extrémité du transept face à l’entrée du petit portail. Il sera érigé sur une courte période. Et le 11 décembre de la même année, Monsieur l’Abbé VILLER, curé de Triaucourt, conviait tous ses fidèles à honorer de leur présence le service solennel célébré par Monseigneur HENRY, Prélat de sa Sainteté.
Les années suivantes
Sur plusieurs années, on essaya d’éviter que les dégradations ne s’accentuent ; des réparations diverses seront mises en œuvre afin de restaurer l’église. La tourelle sera reconstruite, l’escalier de pierre sera reformé dans son état antérieur, permettant de nouveau l’accès au clocher. |
1920 |
La restauration intérieure
A l’intérieur de l’église, une réfection s’imposait. A son arrivée en 1932, Monsieur l’Abbé TOCQUET souleva le problème. Après plusieurs réunions, débats et délibérations les travaux débuteront.
L’autel de la Vierge, étant le plus endommagé, sera prioritaire. Les deux anges, mutilés par les éclats d’obus, seront remplacés par deux anges porte-lumière venant des Ateliers PIERSON de Vaucouleurs. Ils seront mis en place après qu’une parure céleste fut donnée aux vêtements de la Vierge.
Les blessures de l’autel Saint Joseph seront pansées avec une grande délicatesse ; aucune modification ne sera apportée.
La réfection du chœur demandait, quant à elle, un temps bien plus long. Tout sera entrepris avec minutie pour que soit redonné à cet autel son éclat d’antan.
A la suite, sera étudiée la possibilité d’apporter une note finale à l’intérieur de l’église par le blanchiment des murs et des voûtes. Monsieur Pierre VAILLANT, peintre au village, sera consulté ; il acceptera de s’élancer dans cette énorme tâche qu’il mènera de main de maître et se conclura par une transformation spectaculaire appréciée de tous.
L'intérieur avant la restauration |
L'intérieur après la restauration |
La deuxième guerre mondiale était déclarée et le 13 juin 1940, ordre sera donné aux habitants d’évacuer le village qui, pendant leur absence, sera occupé par les armées.
A la fin de ce même mois, contents, les villageois revenaient vers leur maison… Hélas, un terrible spectacle les attendait : une grande partie de Triaucourt était en ruine ; le feu avait détruit un nombre considérable d’habitations.
L’église n’avait pas été épargnée ; une horrible découverte s’offrait aux yeux des paroissiens : plus de toiture, la lanterne du clocher était anéantie, la tour n’avait pas résisté à la tourmente, les cloches, fondues, gisaient à terre en morceaux difformes, la lourde porte avait été fracturée, l’escalier de pierre était endommagé.
A l’intérieur, une vue d’ensemble insupportable : un enchevêtrement de bois, de tuiles, de pierres jonchait le sol. Un épais brouillard de poussière se mêlait à l’odeur de fumée des poutres encore brûlantes.
Robustes, les piliers du sanctuaire avaient gardé toute leur assise et les voûtes avaient, elles aussi, résisté à l’incendie.
Après l'incendie :
Après la tourmente...
Malgré la pleine tourmente, les villageois ne voulurent pas que le temps aggrave ce que les flammes avaient déjà laissé pour compte. Il fallait essayer de sauvegarder l’église, voir comment réorganiser la vie de tout un village et reprendre le culte religieux. Dans un premier temps, il fut décidé que tous les offices religieux et les réunions communales se dérouleraient dans la salle des fêtes du village. Afin de préserver l’église, il se produisit de la part de tous un élan de solidarité sans égal. Malgré ce qu’ils avaient vécu, les habitants du village se mirent à récupérer les tuiles restées intactes des maisons incendiées ; les hommes les plus forts allèrent dans la forêt communale couper le bois nécessaire pour consolider l’embout de la charpente, pour que la nef et le chœur soient protégés des intempéries. |
1940 - Les villageois au travail |
Pendant ce temps, un autre groupe de villageois s’employait au nettoyage partiel de l’église en évacuant débris et gravats, tout en essayant de retrouver puis de redonner une place à chaque objet ; un travail de mercenaire où tous les efforts communs furent bénéfiques et le résultat obtenu très valorisant.
Une simple protection
1945 |
Ainsi protégée des mauvais temps, les services religieux seront de nouveau célébrés en l’église du village. |
Restauration à l'étude
Comme toute meurtrissure doit s’effacer, c’est aux services des Beaux-Arts que va appartenir le soin de restaurer les édifices dévastés par la guerre.
Viendra le temps des études et des financements au titre des dommages de guerre ; ceci allait demander de longs mois. Les crédits qui devaient être alloués ne seraient disponibles que par tranches, et ceci sur plusieurs années.
Vers la fin de l’année 1953, on verra se concrétiser le début des travaux de ladite restauration de l’église du village.
Début de la restauration
Sur le terrain, au pourtour du sanctuaire, une invasion de blocs de pierre, madriers, planches, outils, etc., firent leur apparition.
Début 1954, l’Entreprise BOURGOGNE FRANCHE COMTE de Dijon, disposant d’un dépôt régional à Verdun, commencera une mise en œuvre et l’ébauche de la mise en fonction des travaux.
Des hommes du village et des environs, Messieurs Marceau MAUVAIS, Jacques JACQUET, Ernest GUILLAUMERT, René COLIN, Georges LECHOT, Daniel DHAUSSY, Marcel BERGER, sous la direction de Joseph LOUREIRO de Senard, constitueront une équipe de maçons et de tailleurs de pierre.
L’exécution des travaux débutera par la mise en place des premiers échafaudages, une vraie œuvre artistique, pour les édifier ; il fallait découper, assembler, tirefonner tous les bois, ce qui permettait, paliers par paliers, de s’élever à hauteur nécessaire des travaux.
Par fraction de mois et selon le montant des crédits accordés, on pourra voir les premiers effets de la transformation sur des durées variables. Tous ces ouvriers voyageront entre les églises de Triaucourt, Foucaucourt et Villers-en-Argonne.
1954 - Les échafaudages
Le nouveau clocher
La restauration de l’église se déroulera dans le sens normal des travaux prévus. Les pierres des murs de l’édifice seront nettoyées, remplacées, mais le travail de construction le plus important restait à exécuter : c’était sans conteste la réalisation du clocher.
Avant toute mise en œuvre, il fallait entreprendre de consolider la corniche de réception, qui permettrait, dans ses fonctions, l’assurance d’une parfaite assise à ce nouveau clocher.
De nombreux mois s’écouleront. Ils seront nécessaires au travail de perfection demandé aux ouvriers.
Au début de l’année 1957, aux maçons tailleurs de pierre déjà présents, viendra se greffer la section des charpentiers, couvreurs, zingueurs.
Les frères Louis et Pierre KISTER et leurs collègues arriveront à Triaucourt ; ils seront là pour exécuter le point final, entreprendre la partie ossature du clocher ainsi que la flèche pyramidale d’une hauteur de 13 mètres.
Une longue période sera obligatoire pour mener tous ces travaux à leur terme.
La tour, abri des cloches, commençait à se charpenter, laissant apparaître sa forme initiale. Dans son pourtour, huit petits abat-sons se dessinaient. En cet intérieur allaient prendre place des bois spectaculaires qui, dans leurs fonctions, allaient supporter le poids de quatre cloches.
Ensuite, se dessinera la toiture de la flèche, d’où s’élèveront la croix et le coq.
A cette étape des travaux, on pouvait simplement comparer la différence entre le nouveau et l’ancien clocher.
1956 |
1957 |
Il était admirable d’observer ces hommes qui œuvraient en hauteur avec une assurance remarquable, bravant toute concurrence avec le vertige. Très à l’aise, on les voyait se déplacer sur des planches formant un chemin autour de leur chantier.
Ces photos montrent les charpentiers couvreurs tout en haut des échafaudages.
La venue des cloches
Au mois de mars 1957, la commune de Triaucourt sera avisée qu’au titre des dommages de guerre, un crédit était mis à sa disposition pour une étude en vue de l’achat de nouvelles cloches.
Cette éventualité sera donc prise en considération et débattue en réunion du Conseil Municipal. Ensuite, après accord, il sera commandé à la plus illustre fonderie, la Maison PACCARD à Annecy, trois cloches ainsi qu’une quatrième, offerte par la famille Eugène DIDON de Triaucourt.
Gabriel (Do dièse, 1450 kilos), Michel (Fa, 750 kg), Raphaël (Sol, 480 kg) et Anne-Marie (La, 350 kg) seront les quatre cloches commandées.
En 1958, à leur arrivée, les quatre cloches seront déposées en l’église, au pied des marches de l’autel, ceci en prévision de la cérémonie de bénédiction programmée pour le vendredi 15 août, jour de l’Assomption.
Ce nouveau carillon allait symboliser la reconnaissance du village et de son église.
Le baptême des cloches - 15 août 1958
De l’été pluvieux, le monde en avait pris le parti ; si le soleil restait obstinément caché ce vendredi 15 août 1958, il ne pleuvait pas et la foule présente était satisfaite.
C’est donc dans une joyeuse ambiance générale que près de 2 000 personnes allaient assister à la cérémonie de bénédiction de son nouveau carillon de quatre cloches.
Un chaleureux accueil
Vers 14 h 15, se dirigeant vers l’église, entourant Monseigneur PETIT, Evêque de Verdun, les personnalités ecclésiastiques partirent du presbytère. Très vite, à la hauteur de la Mairie, ils seront rejoints par les personnalités civiles, formant ainsi un long cortège. Sous le portail nouvellement restauré, c’est à Monsieur Léon BRY, Maire de Triaucourt, que reviendra l’honneur d’accueillir Monseigneur PETIT. Dans son discours de bienvenue, Monsieur BRY remerciera toutes les personnes honorant de leur présence cette cérémonie de fête, retracera la vie de souffrance des cloches et terminera son allocution par ces mots : « Cloches que nous aimons, sonnez, carillonnez bien fort ». |
La cérémonie de baptême
Dans l’allégresse générale, la longue cérémonie de bénédiction commencera dans une église archi-comble et joliment pavoisée.
Beaucoup de fidèles étaient venus des quatre coins de la région mais, malheureusement, ne pourront pas prendre place en l’église, trop petite pour une telle circonstance.
Après les suites successives du lavage, de l’onction, de la consécration des quatre cloches, les parrains et marraines furent invités à rejoindre leur filleule. |
Les parrains et marraines Gabriel (Do) 1 500 kg M. Léon BRY et Mme Suzanne MEUNIER |
On peut voir, sur cette cloche, le nom de sa marraine : Suzanne MEUNIER
Une journée inoubliable
La cérémonie religieuse terminée, les très nombreuses personnes qui n’avaient pu trouver place en l’église furent invitées à admirer les quatre cloches, qui avaient à nouveau été revêtues de leur magnifique robe de baptême.
Durant de longues minutes, ce fut un défilé admiratif des grands et des petits, qui chacun à leur tour, purent frapper discrètement sur ces demoiselles de charme et recevoir, en souvenir, quelques dragées et une image de baptême.
Vers 17 heures, Monsieur Léon BRY, Maire de Triaucourt, recevait les invités ecclésiastiques et civiles à la salle des fêtes du village, en présence de Monsieur le Ministre Louis JACQUINOT, Député de la Meuse, et de messieurs les parlementaires meusiens. Monsieur BRY remerciera toutes les personnes présentes, ainsi que tous ceux qui ont œuvré pour apporter à cette cérémonie un caractère d’exception.
Dans l'attente...
Après cette journée mémorable, il fallait penser que ce nouveau carillon de quatre cloches ne symboliserait vraiment la renaissance totale de l’église de Triaucourt que lorsqu’il pourrait être hissé dans le clocher, c’est-à-dire pas avant la finition des travaux, prévue fin 1959. |
L'arrivée du coq
Au cours de l’année 1959, la construction de la flèche du clocher prenait un grand degré de finition très attendue.
Début 1960, la réfection se trouvait très proche du point final. Ensuite, il serait procédé à l’installation de la croix, placée à 42 mètres de hauteur, qui allait commencer à attendre, avec un peu d’impatience, la venue de son futur compagnon : le coq !
Samedi 5 mars 1960, drapé de rubans tricolores et de fleurs en papier, porté en triomphateur par les ouvriers des travaux de l’église, un superbe coq doré fut présenté devant Monsieur le Maire, qui lui souhaitera la bienvenue au village et qui lui accordera la permission de pratiquer le rite de la bonne coutume ancestrale dans toutes ses règles : visiter chaque famille du village.
Une agréable et chaude promenade que de parcourir les rues du bourg de Triaucourt, de frapper délicatement à chaque porte, de faire la connaissance de chaque habitant, de leur offrir, en souvenir, un morceau de ruban, de recevoir un petit présent et un ruban supplémentaire. |
(A gauche, M. BERGER, au centre M. LOUREIRO et à droite M. PRASSOL) |
La bénédiction du coq, le 6 mars 1960
C’était un rendez-vous à ne pas manquer ; beaucoup de monde était en attente devant les escaliers du grand portail de l’église.
A 10 h 30, devant le presbytère, tous les enfants étaient présents. Un long cortège précédant Monsieur l’Abbé ZAMBAUX ainsi que deux jeunes gens portant le coq joliment enrubanné et paré de tous ses atours, se dirigeaient vers l’église.
Sur le parvis de l’église, Monsieur RIGAULT, alors Maire de la Commune, prendra la parole afin de souhaiter la bienvenue au coq, lui transmettant tous ses vœux de réussite dans ses nouvelles fonctions.
Monsieur l’Abbé ZAMBAUX, Curé de la paroisse, procédera ensuite à la cérémonie de bénédiction.
M. Jean PRASSOL - M. Pierre KISTER |
L'ascension du coq
Le coq sera ensuite remis entre les mains de Monsieur Pierre KISTER et de ses compagnons ouvriers charpentiers-couvreurs qui allaient commencer la difficile ascension bien périlleuse mais maîtrisée par ces hommes d’une agilité exceptionnelle pour atteindre le sommet de la croix et fixer le coq.
Rien ne semblait les impressionner, contrairement aux personnes qui les observaient, qui tremblaient pour eux.
A l’arrivée de ce nouveau maître, à la stupéfaction de tous, une grande surprise ! Un imposteur s’était installé à sa place. Pris de panique en voyant son puissant confrère arriver, il s’envola de son perchoir pour atterrir bien malencontreusement au pied de la maison Coulmy ! |
L'inauguration et la bénédiction des nouvelles orgues
Suite à la décision de l’architecte des Monuments historiques, d’importantes orgues à sept jeux seront installées en l’église, courant 1958, ceci au titre des dommages de guerre. Majestueusement imposantes, elles seront disposées en la petite nef latérale de gauche, face à l’entrée du petit portail.
Inauguration et bénédiction furent programmées pour le 18 avril 1960, lundi de Pâques. En présence de personnalités ecclésiastiques et civiles, devant de nombreux villageois, Monseigneur PETIT, Evêque de Verdun, procédera à la bénédiction.
A l’issue de la cérémonie, Mademoiselle PILLET, 1er prix du Conservatoire de Paris, était invitée à leur donner la parole en interprétant un récital remarquable.
L'Est Républicain - Avril 1960
Le cachet final
La mise en place de la croix et du coq permettra de procéder à l’installation définitive des quatre cloches dans leur demeure, ascension assez périlleuse qui demandera une préparation très étudiée. Avec les ouvriers spécialisés pour cette délicate intervention, tout se déroulera à la perfection et, un beau jour de printemps 1960, par un soleil prometteur, Gabriel, Michel, Raphaël et Marie-Claire salueront leur arrivée en leur clocher par un carillon de joie.
Au même moment, les échafaudages commenceront leur départ.
Progressivement l’église se déshabillera de ce décor imposant et apparaitra dans toute sa splendeur.
De 1960 à nos jours
Pendant 30 années, certains changements et divers apports surviendront en l’église.
Endommagés lors de l’incendie de juin 1940, quelques tableaux seront progressivement restaurés et, un à un, retrouveront leur place.
Diverses avaries surviendront pendant toutes ces années. Electrifiées, les cloches subiront assez souvent des défaillances causées par de violents orages ; les tempêtes endommageront la toiture, etc. Tous ces problèmes se verront solutionnés selon les crédits et les assurances.
Entre autres, en 1992, la toiture sera émoussée ; en 1995, les boiseries de l’autel seront remises en état ; en 2005, des tuiles seront remplacées et des travaux de zinguerie seront effectués.
Plus récemment, durant l’année 2017, ce sont les grilles de protection et les vitraux de sept baies qui ont été remis en état.
L'Est Républicain - 12 décembre 2005
Texte et photos : Renée PRUD’HOMME et collection personnelle
Merci à Marie-Claude MICHEL pour sa relecture et sa disponibilité.
Merci aux personnes qui, spontanément, nous font parvenir des photos
qui serviront à illustrer de prochains articles.
~ Florence BOUTILLIER - Février 2018 ~
Senard : église de l'Assomption → choeur et transept datant du début du XVIe siècle ainsi que de belles fontaines eucharistiques. |
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→ des travaux eurent lieu entre 1850 et 1867. Avec l'aide de la commune, ils furent réalisés par la « Fabrique ». La nef en torchis et le clocheton en bois furent remplacés par une nef gothique et un imposant clocher. La bénédiction de la nouvelle église fut l'oeuvre de Monseigneur Hacquard. |
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→ Vitrail commémoratif: la réalisation date de 1935 et fut l'oeuvre de Graff et Adam, peintres-verriers à Bar le Duc. Il se situe au-dessus de l'autel de la Vierge. Description : le Christ apparait au soldat mourant dans le Jardin des Oliviers. L'ange brandit le calice du sacrifice et la palme du martyre. Dans le quadrilobe qui surmonte la verrière, un ange tient un phylactère portant l'inscription « Pro Patria 1914 - 1918 ».
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Sources : « Le patrimoine des communes de Meuse », ouvrage collectif, éditions Flohic, 1999. |
Le monument-fontaine Eloi Lemaire à Triaucourt
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L’histoire du Moulin
LE VIEUX MOULIN
1248
Triaucourt devient « Ville Neuve » et est dotée de moulins à mouture.
1467
Une trace historique laisse supposer que plusieurs moulins fonctionnaient au sud du
village. Subsistent les termes : « La Contrée du Vieux moulin » et la rue du Vieux Moulin.
LE MOULIN NEUF
1560 serait une date probable du fonctionnement du « Moulin Neuf » sis à l’endroit actuel.
Appartenant au domaine des abbés de Beaulieu, il fut vendu à la révolution, le 31 mai 1791 à Sieur Huguet de Beauzée qui le revendit le 12 mars 1792 à Sieur Louis Legris.
S’y succédèrent comme meuniers avant 1882 Sieur Couturier et vers 1905 Sieur Dommanget.
Mme Marie-André George- Lemaire, épouse de Lucien Poincaré en était la propriétaire.
Photos 1908 -1914
1930 Le moulin cesse toute activité de mouture pour ne garder que la production d’énergie.
1940 Les dépendances du moulin abritent une brasserie et une fabrication de limonade.
1942 Le moulin devient maison d’habitation et en 1972, résidence secondaire. C’est à partir de cette époque qu’une restauration du bâtiment sera entreprise pour donner au moulin son aspect actuel. Une nouvelle roue à aubes complètera cette remise en état.
1997 La commune aménage et embellit les abords de la rivière La Marque pour en faire un lieu de promenade et de détente.
Photos : aujourd’hui
Article rédigé à partir de la documentation de Madame Renée PRUD’HOMME