Commune de Seuil d'Argonne
Commune de Seuil d'Argonne
Le soleil se couche sur Senard (Photo V. Kubler)
Commune de Seuil d'Argonne
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Le soleil se couche sur Senard (photo V. KUBLER)
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Le soleil se couche sur Senard (photo V. KUBLER)
Commune de Seuil d'Argonne
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Histoire de Seuil

Senard : un peu d'histoire...

Situé à la limite des départements de la Marne et de la Meuse, le village de Senard est construit sur une éminence dont l’altitude est de 186 mètres et d’où l’on jouit d’une vue magnifique sur la vallée de l’Aisne, au sud, et le front de côte de l’Argonne, au nord. Il consiste en une rue principale ouest-est, d’où part au centre une rue qui descend, au sud. Le plan détaillé le plus ancien du village est celui de la carte des frontières du nord et du nord-est du royaume de France, réalisée pour les armées royales de 1728 à 1739, par les Naudin (frères et fils)   (échelle : 1/28 800). Le plan du village y est très reconnaissable et aussi ceux de Triaucourt et de tous les villages et hameaux voisins.


Jusqu’en 1790, Senard fait partie de l’intendance et du baillage de Châlons (prévôté de Beaulieu), suit la coutume de Châlons, ressort du Parlement de Paris pour la justice et appartient au diocèse de Châlons (doyenné de Possesse).

              Le nom de « Sénart » (« essart » au centre de la clairière de Triaucourt ?) est cité, pour la première fois en 1177, puis en 1188, à propos de son église, qui est annexe de celle d’Eclaires. Leur curé commun s’appelle Valter et les deux églises dépendent de l’abbaye de Moiremont, qui en nomme les curés et doit en bâtir et entretenir les chœurs.

En 1204, « Senart » est de nouveau cité dans une sentence de Thibaud Ier, comte de Bar, puis en 1220 (Trésor des chartes), puis en 1586 (Procès-verbal des coutumes).


En 1589, Senard aurait perdu le tiers de sa population à cause de la peste, puis soutint un long procès, pour des problèmes de droits, contre l’abbaye de Beaulieu et obtint une transaction favorable. La terrible Guerre de Trente Ans (1618-1648), qui ravagea les pays germaniques et le nord-est de la France actuelle, atteignit Senard en 1636 : des mercenaires croates brûlent l’église et une partie du village.  Une inscription, gravée sur un des contreforts de l’église, en fait toujours foi : « LE 13 JUILLET 1636 A ESTE BRULLEE PAR LES CRAVATES ».

Le village est peu à peu reconstruit. Pour l’église, située au centre du village sur une petite butte, le chœur et le transept du XVe siècle en pierre sont réparés. Mais la nef elle-même, qui incombait aux paroissiens, est refaite comme avant, en pans-de-bois, comme le petit clocher installé au dessus du porche. C’est sous le Second Empire seulement qu’une nef néo-gothique et un clocher en briques et pierre, qui s’accordent parfaitement aux parties du XVe siècle, les remplacèrent. L’église rénovée fut bénite par l’évêque de Verdun en 1867.


Dans l’église, sont à remarquer la piscine eucharistique du XVe siècle, dans le chœur, et une crédence surmontée d’une tête entourée d’un voile avec un monogramme et une date (1619), près de l’autel de la Vierge. Dehors, deux gargouilles trônent toujours au sommet de contreforts du chœur. L’église est sous le patronage de l’Assomption de la Vierge Marie (15 août) et elle est toujours entourée par le cimetière. Mais il n’y a plus de curé depuis les années 1920.


D’après les enquêtes officielles, la population de Senard était d’environ : 167 habitants en 1629 et 1665 ; 189 en 1690 ; 180 en 1709 ; 216 en 1713 ; 230 en 1720 ; 302 en 1724 ; 329 en 1767. Et certainement de 325 habitants en 1773 ; 300 en 1790 ; 272 en l’An VIII (1799). Puis elle remonte pour atteindre le maximum de 323 habitants en 1841. Avec l’exode rural général, elle redescend ensuite régulièrement jusqu’à 182 en 1911. Après la guerre de 1914-1918, elle est de 148 habitants, et seulement de 120 en 1939. Et, après la guerre de 1939-1945, malgré de petites remontées, elle ne cessera de baisser pour atteindre 62 habitants en 1999. Elle a depuis un peu remonté.

A la création des départements en 1790, Senard est compris dans le département de la Meuse (canton de Triaucourt) et le diocèse de Verdun. En 1973, la commune de Senard est associée à celle de Triaucourt et ils forment une nouvelle commune : Seuil d’Argonne.

                                                                      Ci-contre : baptême du coq en 1985

  

A la différence de presque tous les villages voisins, les bâtiments de Senard furent épargnés par les guerres du XIXe et du XXe siècle, même si, dans la prairie de l’Aisne, un terrain d’aviation fut installé entre le 8 août et le 3 octobre 1917. Aussi peut-on encore y admirer de belles façades en pans de bois - certaines avec auvents - typiquement argonnaises et une magnifique façade en briques de couleurs rouge et noire de style champenois.



Mais, avec la diminution de la population et l’évolution de la civilisation matérielle, toutes les activités commerciales ou artisanales de Senard ont disparu, dès la fin du XIXe siècle pour la plupart ou après la guerre de 14, tels le moulin, la tuilerie (son bâtiment existe toujours en contrebas de la route vers Triaucourt) ou une rare activité artisanale, une fabrique de cierges. Les cafés - lieux de rencontre, abritant aussi bureau de tabac et téléphone public - fermèrent dans la seconde moitié du XXème siècle.


L’école à classe unique a fermé en 1965. Elle était dans le même bâtiment que la mairie, joli édifice construit en briques et pierres courant XIXe siècle, au centre du village, à l’angle de la rue principale et de la rue menant vers Les Charmontois. L’ensemble a malheureusement brûlé en 2020. La mairie a été reconstruite en 2024 au même emplacement.


Texte de Noëlle CAZIN

Parlons de traditions, à Triaucourt...

C'était la fête au village, le 6 décembre !



Quelle personne n’est pas sensible à la venue de Saint-Nicolas, qui apporte jouets, bonbons et transporte dans les souvenirs ?


Saint-Nicolas, Saint Patron de notre village, était honoré dignement, autrefois, lors d’une  coutume bien particulière.

Ce cérémonial était d’abord religieux : à l’issue de la messe chantée en l’honneur du Saint Patron de la paroisse, les jeunes conscrits de l’année (jeunes hommes appelés sous les drapeaux pour effectuer leur service national), après avoir fait bénir le bouquet par le prêtre, se dirigeaient vers la statue de Saint-Nicolas à droite de l’autel et, sous le regard des fidèles, effectuaient le remplacement de l’ancien bouquet par le nouveau.

A la suite, le bouquet précédent s’en allait fleurir la deuxième statue à l’entrée du grand portail.

Le rite était, par la suite, villageois : porté dans la joie, le bouquet échangé partait honorer Saint-Nicolas du village. Devant le café à l’enseigne du Saint Patron, dans une joyeuse ambiance, le bouquet descendu, alors âgé de trois ans, était partagé : chaque conscrit recevait une fleur, ainsi que les jeunes filles de la même année. Heureuse de cette fête, la maîtresse du Café Saint-Nicolas (Maison COULMY), offrait le verre de l’amitié.


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(Photos 1963 et 1964)

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Sur cette photo, entre autres : 

  • Guy BERTRAND,
  • Annette MALON,
  • Alain THIEBAUT,
  • Gabriel GEMINEL,
  • Claude EMOND,
  • Elisabeth MEUNIER,
  • et… Michel COLIN ! 
Les plus âgés d’entre vous sauront-ils les reconnaître ? 



Pour tous, il s’agissait d’instants importants. Les jeunes gens partaient, enfin, donner une fleur aux propriétaires des autres cafés du village.


La journée se terminait par un bal populaire qui avait lieu à la salle communale. Aux douze coups de minuit, un silence absolu régnait ; dans son costume d’apparat, Saint-Nicolas (jeune homme villageois âgé de 25 ans) faisait alors son entrée, suivi du Père Fouettard.

Les adultes étaient heureux, les enfants avaient peur du vilain bonhomme vêtu de noir, mais retrouvaient le sourire lors de la distribution de bonbons.

Après quelques pas de danse, Saint-Nicolas repartait…

Les années ont passé. Les temps modernes nous ont entraînés vers d’autres horizons. Plus de conscrits, plus de bouquet, lentement cette coutume s’est éteinte. Mais Saint-Nicolas n’est pas oublié dans notre région de l’Est puisqu’il passe dans les écoles ou à la salle des fêtes lors d’animations pour enfants, en apportant des bonbons.


(Vers 1985)

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(Vers 1978)

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L’une des deux
statues de Saint-Nicolas de l’église, datant du XVIIème siècle, a été classée au titre des objets inscrits Monuments Historiques en 1985.


Endommagée lors d’un incendie en 1940 et par le temps, elle a été rénovée en 2001 par François JANVIER, Conservateur des objets d’art du Département de la Meuse.

Dans la main droite de Saint-Nicolas, un trou est présent ; c’est à cet endroit qu’était glissé le bouquet.

Saint-Nicolas, d’un geste large, bénit les trois enfants placés dans le cuveau à ses pieds. Il est coiffé d’une mitre et est revêtu d’une soutane, d’un rochet (tunique munie de manches étroites, ornée de dentelle en sa partie inférieure et au bas des manches) et d’une chape (vêtement liturgique ample et sans manche porté par le prêtre lors de certaines célébrations solennelles) retenue sur le devant par un fermail rond.

C’est cette statue qui, auparavant située à droite du grand portail, recevait le bouquet de la première année descendu par les conscrits.


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La seconde statue de Saint-Nicolas de l’église, datant elle aussi du XVIIème siècle
, se situe toujours à droite de l’autel. Sa base est supportée par un ange. C’est cette statue qui avait le privilège de recevoir le bouquet des conscrits de l’année.


 


Un Saint-Nicolas est présent sur la façade de l’ancien Café SAINT-NICOLAS. Savez-vous pourquoi ?

Aux environs de 1914, Madame COULMY, grand-mère de l’actuelle propriétaire, hébergeait, dans une pièce située à l’arrière de sa maison, un ami venu travailler à Triaucourt. Cette statue de Saint-Nicolas lui appartenait. A son départ, il l’a offerte à la maîtresse de maison et lui a fait promettre de la perpétuer dans le souvenir.

Elle a alors décidé d’appeler son café « Café Saint-Nicolas » et d’apposer la statue sur sa façade. On ignore la vraie origine de cette statue, mais la promesse faite a toujours été tenue et l’est encore de nos jours.

De confidence de Madame RIGAULT, cette jolie statue s’éclaire le soir de la Saint-Nicolas… Cela vaut bien un détour par la rue Adjudant Jeannin ce soir-là, non ?




L'enseigne du Café COULMY :
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La tradition perpétuée au fil des années :

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(Photos : Mme R. PRUD’HOMME, M. C. EMOND et collection personnelle)

Merci à M. et Mme RIGAULT de m’avoir autorisée à photographier le Saint-Nicolas de leur façade.
Un grand merci également à Mme R. PRUD’HOMME pour ses photographies ainsi que la transmission et le partage de ses connaissances
et à Mme M.C. MICHEL pour sa disponibilité et son aide.


~  Article : F. BOUTILLIER - Décembre 2017  ~