Parlons de traditions, à Triaucourt...
C'était la fête au village, le 6 décembre !
Quelle personne n’est pas sensible à la venue de Saint-Nicolas, qui apporte jouets, bonbons et transporte dans les souvenirs ?
Saint-Nicolas, Saint Patron de notre village, était honoré dignement, autrefois, lors d’une coutume bien particulière.
Ce cérémonial était d’abord religieux : à l’issue de la messe chantée en l’honneur du Saint Patron de la paroisse, les jeunes conscrits de l’année (jeunes hommes appelés sous les drapeaux pour effectuer leur service national), après avoir fait bénir le bouquet par le prêtre, se dirigeaient vers la statue de Saint-Nicolas à droite de l’autel et, sous le regard des fidèles, effectuaient le remplacement de l’ancien bouquet par le nouveau.
A la suite, le bouquet précédent s’en allait fleurir la deuxième statue à l’entrée du grand portail.
Le rite était, par la suite, villageois : porté dans la joie, le bouquet échangé partait honorer Saint-Nicolas du village. Devant le café à l’enseigne du Saint Patron, dans une joyeuse ambiance, le bouquet descendu, alors âgé de trois ans, était partagé : chaque conscrit recevait une fleur, ainsi que les jeunes filles de la même année. Heureuse de cette fête, la maîtresse du Café Saint-Nicolas (Maison COULMY), offrait le verre de l’amitié.
(Photos 1963 et 1964)
Sur cette photo, entre autres :
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Pour tous, il s’agissait d’instants importants. Les jeunes gens partaient, enfin, donner une fleur aux propriétaires des autres cafés du village.
La journée se terminait par un bal populaire qui avait lieu à la salle communale. Aux douze coups de minuit, un silence absolu régnait ; dans son costume d’apparat, Saint-Nicolas (jeune homme villageois âgé de 25 ans) faisait alors son entrée, suivi du Père Fouettard.
Les adultes étaient heureux, les enfants avaient peur du vilain bonhomme vêtu de noir, mais retrouvaient le sourire lors de la distribution de bonbons.
Après quelques pas de danse, Saint-Nicolas repartait…
Les années ont passé. Les temps modernes nous ont entraînés vers d’autres horizons. Plus de conscrits, plus de bouquet, lentement cette coutume s’est éteinte. Mais Saint-Nicolas n’est pas oublié dans notre région de l’Est puisqu’il passe dans les écoles ou à la salle des fêtes lors d’animations pour enfants, en apportant des bonbons.
(Vers 1985)
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(Vers 1978)
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L’une des deux statues de Saint-Nicolas de l’église, datant du XVIIème siècle, a été classée au titre des objets inscrits Monuments Historiques en 1985.
Endommagée lors d’un incendie en 1940 et par le temps, elle a été rénovée en 2001 par François JANVIER, Conservateur des objets d’art du Département de la Meuse.
Dans la main droite de Saint-Nicolas, un trou est présent ; c’est à cet endroit qu’était glissé le bouquet.
Saint-Nicolas, d’un geste large, bénit les trois enfants placés dans le cuveau à ses pieds. Il est coiffé d’une mitre et est revêtu d’une soutane, d’un rochet (tunique munie de manches étroites, ornée de dentelle en sa partie inférieure et au bas des manches) et d’une chape (vêtement liturgique ample et sans manche porté par le prêtre lors de certaines célébrations solennelles) retenue sur le devant par un fermail rond.
C’est cette statue qui, auparavant située à droite du grand portail, recevait le bouquet de la première année descendu par les conscrits.
La seconde statue de Saint-Nicolas de l’église, datant elle aussi du XVIIème siècle, se situe toujours à droite de l’autel. Sa base est supportée par un ange. C’est cette statue qui avait le privilège de recevoir le bouquet des conscrits de l’année.
Un Saint-Nicolas est présent sur la façade de l’ancien Café SAINT-NICOLAS. Savez-vous pourquoi ?
Aux environs de 1914, Madame COULMY, grand-mère de l’actuelle propriétaire, hébergeait, dans une pièce située à l’arrière de sa maison, un ami venu travailler à Triaucourt. Cette statue de Saint-Nicolas lui appartenait. A son départ, il l’a offerte à la maîtresse de maison et lui a fait promettre de la perpétuer dans le souvenir.
Elle a alors décidé d’appeler son café « Café Saint-Nicolas » et d’apposer la statue sur sa façade. On ignore la vraie origine de cette statue, mais la promesse faite a toujours été tenue et l’est encore de nos jours.
De confidence de Madame RIGAULT, cette jolie statue s’éclaire le soir de la Saint-Nicolas… Cela vaut bien un détour par la rue Adjudant Jeannin ce soir-là, non ?
L'enseigne du Café COULMY :
La tradition perpétuée au fil des années :
(Photos : Mme R. PRUD’HOMME, M. C. EMOND et collection personnelle)
Merci à M. et Mme RIGAULT de m’avoir autorisée à photographier le Saint-Nicolas de leur façade.
Un grand merci également à Mme R. PRUD’HOMME pour ses photographies ainsi que la transmission et le partage de ses connaissances
et à Mme M.C. MICHEL pour sa disponibilité et son aide.
~ Article : F. BOUTILLIER - Décembre 2017 ~